Morgan Govignon est un homme pleins de ressources. En plus d'être un bon pilote , il est un excellent mécano et qui l'eut cru un narrateur exeptionnel.
Si l'homme à la main lourde coté poignée de gaz , lorsque ce dernier prend la plume , c'est tout en légèreté qu'il vous fera voyager au travers de ses aventures. C'est pourquoi c'est toujours avec la même plaisir que je vais suivre sa seconde participation au Manx GP et vous faire suivre ses aventures que vous pourrez aussi suivre sur le site de son moto club dont le lien est en fin d'article.
Trêve de blabla , place à l'artiste !!
" Septembre 2014. Après deux semaines de Manx GP, la vie normale reprend son cours, ou presque. Ça n’a rien de fade, je suis même content de retourner au boulot, parce que je sais que c’est ce qui me permettra de construire de nouveaux projets. Pour ne pas tomber dans l’euphorie, j’ai décidé d’attendre quelques semaines avant de me décider à retourner sur l’ile de Man, de prendre du recul, et de faire le point. Si cette quinzaine a été des plus magique, j’avais besoin de comprendre ce que j’irais y chercher en retournant là-bas, de savoir ce que j’étais prêt à mettre sur la table... Viser la place de meilleur français ? Chercher un podium ? Je ne m y sens pas… Juste profiter ? Faire une autre croix sur ma liste de trucs à faire, et ne plus y penser ? Même si l’envie de revoir Douglas bouillait au fond de moi, je me suis forcé à ne pas décider… J’ai laissé le temps couler, sans remonter sur une moto, pour faire un pallier de décompression…
Quelques semaines plus tard, j’ai repris le vieux VFR de madame pour aller au boulot. J’ai roulé. C’était nul. J’ai regardé le compteur, qui affichait 200, et c’était toujours nul. Je me suis dit que si je ne remettais plus les pieds là-bas, il allait me manquer quelque chose... Mais que je voulais attendre encore peu, car ma vie allait changer bientôt, que je ne manquerais plus jamais de rien, sauf de sommeil et de temps… On raconte même qu’on pratique l’émasculation en même temps que l’accouchement…
Octobre 2014, Pimente, qui s’appellera en fait Lucie, pointe le bout de son nez. Je suis papa. Heureux, bien sûr, mais sans débordement d’émotion, sans euphorie, très calme. J’ai juste envie de m’occuper d’elle, d’en prendre soin, de la protéger, presque déçu de ne pas avoir versé de larmichette… En fait, le Manx a profondément changé mes sensations. Il n y a plus rien de grave, plus rien d’impossible, et tout devient relatif. Le beau reste beau, mais tout prend un ton léger, logique, presque soulageant… Et le trésor qui découvre alors le monde de ses deux billes bleues est simplement la suite logique de la prise de ventre de Céline.
2 Novembre 2014. J’ai dans mes bras une petite puce de 4 jours, qui peine à s’endormir. Il fait pourtant nuit, tout comme au Qatar. Au milieu du désert, Sylvain Guintoli cravache sa RSV4 dans l’ultime manche du mondial Superbike, et réalise l’exploit, devenant champion du monde. Je suis heureux pour lui, ce bosseur dur au mal qui a tant galéré, mais n’a jamais baissé les bras… Lucie s’est endormie, mon épaule pour oreiller, pendant que Sylvain arrive sous le podium, accueilli par sa femme et ses enfants… Ses quatre enfants… Merde, on peut être père, mais aussi pilote ? On peut ne pas tout sacrifier à l’un ou à l’autre ? Bordel Sylvain, c’est pas les tiens ces gamins, tu les as loués pour les photos ? Non ? Ah bon… Bon…
Céline, vient voir ! Il y arrive, lui !
Alors on a relancé la machine… Parce que… Parce que je veux juste être heureux.
Être heureux ici et tous les jours en ayant une vie de famille, parce que j’en ai envie, parce que je les aime. Pas parce que c’est comme ça qu’il faut être, mais juste parce que c’est bon.
Être heureux là-bas, parce que j’aime rouler vite, très vite, à bloc, sans pouvoir expliquer pourquoi… et que là-bas, j’ai le droit.
J’ai ni le talent ni les tripes pour taper un tour à 120 - 130 mph et gagner. Je ne veux pas qu’elles bouffent des pâtes pendant un an parce qu’il me faut un kit à 5 000 balles. Je ne veux pas être à Dysneyland les jours de Senior TT, et encore moins au club Mickey de la Baule pendant la quinzaine du Manx Grand Prix. Alors on mangera un peu de pâte, on ira un petit peu à la plage mais d'autres jours, et puis je roulerais comme je pourrais... Peut-être moins vite, peut être moins bien, mais je m’en fous. Je m’en fous parce que demain je claque le siège auto dans la camionnette et prends le bateau avec ma famille pour aller souder dans la montagne violette, faire hurler mon 600 dans les Glen et décoller à Ballacrye… Et que tant que mon cœur battra pour ça, j’irais user mes slips sur ce rocher perdu, un des derniers endroits sur terre où j’ai le droit de faire ce que j’aime… Avec celles que j’aime.
Rendez vous au port.
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