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Billet de Morgan Govignon.

Publié le par STEVEN

Flying lap

Samedi. Un chouette samedi, jusqu'à 17h. Le veille avait été magique. J’ai pu enchainer deux tours, le deuxième tour étant appelé « Flying lap », tour volant, car on est lancé sur la ligne d’arrivée. C’était un beau tour, bien propre, sans être gêné par d’autres pilotes, les dépassements étant extrêmement compliqués ici. Je me suis senti à l’aise, appliqué, conscient de ce qu’il se passait, gérant plutôt bien le vent dans la montagne. Tout le monde était sourire en arrivant, 108 mph, 20 min 50 sec, soit un chrono à 18 secondes seulement de mon meilleur tour ici, mais effectué au bout de trois tours seulement, contre 15 l’année dernière. Je suis heureux, en avance sur ce que j’espérais, tout est parfait. Bien sûr, je suis tout seul sur la moto, mais c’est aussi le résultat de mon équipe, sur place. Ils sont tous aux petits soins pour moi : Ludo l’explorateur, Tibo le pote à la compote, Stéph’ le Chef, et mon frangin Jessy, O’Brother. Je n’ai pratiquement pas touché la moto depuis que je suis ici, et, chose rare, j’ai même les ongles propres. Ça me permet de me reposer et de vraiment me concentrer sur le tracé en reprenant chaque jour des points sur lesquels je dois progresser, à coups de vidéos et d’échange avec les autres pilotes. C’était vendredi et j’étais content. Et puis samedi.

En fait, j’étais à peu prêt sûr du résultat en partant ce soir. L’équipe a encore amélioré les réglages de la moto et celle-ci est de plus en plus saine, ce qui reste un doux euphémisme tant le tracé met à mal les suspensions et le pilote. Je suis parti fort, tout de suite, et j’ai essayé des trucs. Le premier tour ne s’est pas trop mal passé, à part à Verandah, où j’ai cette très mauvaise habitude de regarder le compteur quand je suis genoux par terre à la corde du 3ème. 205 km/h, sauf que j’ai faillit louper la corde du 4 et que je me suis retrouvé éjecté sur l’extérieur qui n’en ai pas un, puisque dans ce quadruple virage à droit, il n y a que le trou d’un flanc de colline pour t’accueillir…

J’ai fini ce premier tour pas trop mal, et j’ai senti mon corps commencer à fatiguer. J’ai encore essayé quelques trucs, et j’aurais pas du. Bottom of Barregarow. Imaginez une descente, bosselée sur la fin, avec tout en bas un trou qui tourne à gauche. Je suis descendu fond de cinq, j’ai à peine coupé les gaz pour me jeter à gauche, dans le trou, où la moto décolle des deux roues avant de s’écraser contre le sol avec les carénages qui frottent par terre. Quand t’es spectateur ici, tu peux même sentir l’odeur de la résine des carénages qui frottent par terre. Donc, j’ai à peine rendu la main, et me suis jeté dans le gauche. Sauf que j’ai cru que je n’allais jamais réussir à prendre la corde. J’ai sauté, j’ai vu le trottoir de droite de très prêt, j’ai eu peur, mais j’ai remis du gaz, parce que quand même…

J’ai continué ma route à travers Kirk Michael, puis Ramsey. Arrivé à Gooseneck, toute petite épingle à droite, je me suis retrouvé au point mort au lieu d’enclencher la première… Et c’est dans ce moment là que tu te comprends bien ce qu’est le frein moteur. Bref, j’ai failli me bouffer le mur en pierre, j’étais fâché comme une teigne de faire une erreur aussi bête, et j’ai rejoins la ligne d’arrivée comme un furieux. Tellement furieux que je n’ai pas vu le drapeau à damier, et que ce n’est qu’une fois aperçu les deux commissaires au milieu de la ligne droite des stands que j’ai compris mon erreur. Essais arrêtés, obligé de rentrer par la pit lane, sauf que je n’ai rien vu de tout ça et que j’ai pris les freins environ 150 mètres trop tard… Pour arriver en cata, passer au milieu des deux marshall qui s’accrochait à leurs drapeaux rouges, et faire demi tour un peu plus loin avant de me faire gentiment engueuler…

Pas content. Pas content parce que ce soir j’en ai trop mis, je me suis retrouvé en danger alors que je me l’étais interdit et que je déteste ça. Bien sûr j’ai battu mon record en roulant en 20 min 15 sec, soit 111 mph, mais je ne l’ai pas fait comme je le souhaitais. Je suis pas fier…

Alors je vais me calmer. Je roulerais certainement moins vite dans les jours qui viennent, mais je refuse de rouler vite à ce prix là. Je vais essayer de me détendre, j’ai effectué suffisamment de tours pour me qualifier (et le temps qui va avec), mais je dois retrouver du « smooth » pour rouler en sécurité et ne pas me sentir au dessus de mes pompes. Ce n’est peut être pas le prix de la gloire, mais c’est le prix du plaisir, du mien enfin, et de la vie.


En savoir plus sur http://motoclubfleurdelys.e-monsite.com/pages/reportages/momo-au-manx-gp-2015.html#hX7eO3KY5RHHabXJ.99

©Alan Lygo

©Alan Lygo