"Voilà, on y est..
21h30, samedi 30 novembre. Demain, le train, l'avion, l'escale en Chine, l'arrivée en Nouvelle-Zélande. Du projet imaginé dans le coin d'un bateau il y a un peu plus d'un an est né un putain de monstre. Un monstre à cents têtes, composé de toutes les tronches qui lui ont donné vie. Une histoire de malade avec des idées, des copains, des inconnus qui le sont devenus, des coups de bol pas possible, des heures pour Manu à bichonner la moto, des heures de mon côté à organiser...
Mais là. T'as beau calculer, prévoir, imaginer, assurer, il y a un moment où il faut te jeter, sans avoir aucune certitude. C'est ce qui met du piment dans la vie, tu me diras, mais hier, en ponçant les murs de la maison (ben oui, y a pas que la course dans la vie !), je commençais à ressentir de l'appréhension. De la peur même. Pas la peur de tomber ou de me faire mal, de rater quelque chose, d'être coincé à l'autre bout du monde, d'oublier un de mes mômes à l'aéroport, non. La peur de revenir sans rien. La peur de ne pas pouvoir aller au bout, à cause d'une casse irréparable, d'une fracture qui empêche de rouler, toutes ces choses qui font que la vie continue son chemin sans nous. Et puis voilà, j'étais là, le nez dans le plâtre à commencer à détester mes idées de merde, mes plans à la con, tout ça tout ça. Pis en fait, c'est tout ce qu'il me reste d'aventure. Avec internet, je peux savoir s'il pleut à Taupo, connaitre le développé du tracé, réserver des billets d'avions et un van pour roupiller. En quelques clics, je peux demander et avoir n'importe quoi... Burt Munroe, lui, c'était un aventurier. Moi, je suis un type qui a le wifi...
Mais revenir sans rien, ça... Ce serait le plus dur. Au-delà de ce rêve, au-delà de cet hommage à notre copain, il y a vous maintenant. Toi qui a fait des T-shirt, toi qui a préparé la moto, toi qui l'a emmenée, toi qui l'a trouvée, toi qui a ameuté la radio, toi qui était là quand il y avait besoin, toi qui nous emmène au train, toi qui a souri à nos mots, toi qui a placé quelques secondes de rêveries et trois notes d'espoir dans notre pari de dingue. Alors, je vais te le dire simplement : merci. Je te le dis maintenant parce que je ne sais pas si je pourrais le faire après, pas avec des mots, mais en faisant sonner proprement cette Voxan de l'autre côté du monde. D'une histoire personnelle est née quelque chose de chouette, de beau, qui me prend aux tripes rien que de coucher ces mots. On va tout donner, jusqu'au bout. On ne fera pas des étincelles, mais on y sera, et si on doit rendre les armes, c'est qu'on aura plus le choix.
Je voulais remercier ce soir toutes les personnes qui se sont investies dans cette aventure, du Voxan Club de France, de Saint Bonnet Les Alliers, de Nouvelle-Zélande et d'ailleurs. Les copains, qui part leurs mots, leurs attentions, donnent un sens à l'essence même de ce que nous allons chercher : le plaisir et le partage. Une pensée particulière pour Léna, Mut et P'tit Guy, qui aurait du faire ce voyage avec Mig, et qui ont eu la gentillesse de répondre à mes appels, et de m'apporter leur soutien. Un autre pour les amis (ou l'équipe, comme vous voulez !) qui viennent d'habitude au TT panser nos meules... J'aurais aimé vous emmener, mais là... ! Là, il est temps de partir. Alors je ferme ma gueule et mon clavier, en rêvant ce soir au bout du monde, et la boule au ventre s'atténue un peu en pensant à vous qui avez tant donné, et à toi mon pote, à toi qui m'a fait rêver, à toi qui m'a montré que les rêves n'étaient que le début des vraies aventures.
Cette Voxan, on va la faire sonner, premier ou dernier, qu'importe, c'est une question de relativité. Mais on aura tout donné.
En route pour le grand bordel du Momo Circus, et see you next year !"
momo